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Les mixeurs de cryptomonnaies : définition et menaces

À tort ou à raison, les mixeurs de cryptomonnaies sont devenus synonymes de blanchiment d’argent. Quels sont aujourd’hui les moyens dont disposent les acteurs du secteur pour protéger leur activité, leurs clients et la communauté crypto contre le risque croissant de fraude ?

Au cours des cinq dernières années, les recherches Google sur le terme « cryptocurrency tumbler » (également connu sous le nom de « mixeur de cryptomonnaies ») ont bondi de 5 000 %. Et devant un tel volume de requêtes, on comprend vite pourquoi : il semble planer une certaine confusion concernant la manière dont ce système fonctionne — et s’il est réellement privé, voire légal. 

L’intérêt pour les mixeurs de cryptomonnaies semble également ne plus se limiter aux initiés et a gagné la communauté crypto au sens large, y compris les personnes recherchant de nouvelles manières de dissimuler leurs transactions sur la blockchain.

Les mixeurs de cryptomonnaies, autrefois une micro-niche dans un secteur opaque, soulèvent aujourd’hui l’inquiétude dans la communauté crypto, car ils sont désormais (à tort ou à raison) largement associés au blanchiment d’argent.  

Après avoir abordé les dangers associés aux mixeurs de cryptomonnaies, nous évoquerons dans cet article les moyens dont disposent les entreprises pour activement lutter contre le blanchiment d’argent, répondre aux exigences réglementaires et prévenir la fraude.

Quels sont les dangers des mixeurs de cryptomonnaies ?

Contrairement à l’image qu’ils renvoient aujourd’hui, les mixeurs de cryptomonnaies ont été initialement créés pour offrir plus de confidentialité aux transactions légitimes sur la blockchain. 

Un mixeur fonctionne en regroupant les « coins » (ou pièces) de plusieurs utilisateurs, puis il les mélange et les redistribue. Le destinataire reçoit le même montant de bitcoins que celui qu’il a déposé, mais pas les pièces qu’il détenait à l’origine. Pour les utilisateurs, ce mélange a l’avantage de dissimuler les transactions, et garantit l’anonymat sur la blockchain. C’est donc sans surprise que cet outil est exploité à des fins de blanchiment d’argent.

Jason Tucker-Feltham, Global Head of Crypto & Fintech chez IDnow.

Il existe deux types principaux de mixeurs de cryptomonnaies :

  1. Les mixeurs centralisés, qui s’appuient sur un tiers pour effectuer le mixage ;
  2. Les mixeurs décentralisés, qui s’appuient sur des protocoles tels que les contrats intelligents.

Sans ce mélange de pièces, la nature transparente de la blockchain permet difficilement aux entreprises d’investir de manière totalement sécurisée ou aux grands comptes de ne rester discrets sur leur fortune. Avec ce mélange de pièces, en revanche, les utilisateurs peuvent réaliser des transactions en toute confidentialité. 

C’est aussi pour cette raison que les mixeurs de cryptomonnaies sont devenus synonymes de blanchiment d’argent. Plusieurs cas de fraude et de cyberattaques au cours des dernières années ont montré le rôle que joue ce mixage et la menace très réelle qu’il représente pour l’intégrité des plateformes d’échange.

Les 3 principales menaces des mixeurs de cryptomonnaies

Les trois principales menaces associées aux mixeurs de cryptomonnaies sont le blanchiment d’argent, le risque de non-conformité et la fraude.

Le blanchiment d’argent.

Le risque numéro un est le blanchiment d’argent, et il ne fait que croître. Les données montrent d’ailleurs qu’entre 2021 et 2022, le blanchiment de cryptomonnaies a augmenté d’environ 70 %. Les mixeurs de cryptomonnaies sont généralement utilisés de deux manières. La première consiste à « nettoyer » des pièces obtenues à partir de sources illégitimes, telles que les attaques de pharming ou de ransomware. La deuxième consiste à financer des activités criminelles avec des pièces « propres », car le mixeur peut masquer et anonymiser l’objet final de la transaction.

Le danger pour le secteur est réel.

« Les acteurs crypto doivent être en mesure de vérifier si leurs utilisateurs et leurs pièces ont été impliqués dans des transactions suspectes ou des mélanges ayant fait l’objet de sanctions. Sans ces informations, les plateformes d’échange pourraient à leur insu financer des activités criminelles, telles que des cyberattaques ou le financement du terrorisme », a déclaré Jason.  

ChipMixer, un mixeur de cryptomonnaies qui échangeait d’anciennes pièces contre de nouvelles, a ainsi blanchi 850 millions de dollars qui pourraient être directement liés à des activités illicites. Les autorités internationales en Europe et aux États-Unis avaient exprimé leurs inquiétudes face au non-respect de la réglementation et au possible blanchiment d’argent. Le fondateur de la plateforme avait même déclaré : « Le “blanchiment d’argent” est un crime inventé par des gouvernements qui espionnent leurs citoyens. » ChipMixer a depuis fait l’objet d’une saisie officielle et a cessé ses activités en mars 2023.

Les risques réglementaires

L’un des principaux problèmes des mixeurs de cryptomonnaies est le flou qui entoure les activités de la communauté crypto au sens large — exacerbé par une réglementation relativement récente si on la compare à celle qui s’applique aux services financiers traditionnels. 

Alors que les entreprises attendent que le règlement MiCA entre en vigueur, les entreprises de cryptomonnaies qui souhaitent exercer des activités en France doivent s’enregistrer auprès de l’AMF, et par conséquent respecter les directives anti-blanchiment d’argent actuellement en vigueur. Seules les entreprises qui ont mis en place des procédures KYC adéquates et procèdent à une vérification de la provenance et des réserves de fonds peuvent s’enregistrer afin de garantir qu’aucuns fonds illicites ne transitent par leur intermédiaire.  

Pour les gestionnaires de risques prévoyants, il est important de s’assurer que leur entreprise respecte bien les critères de conformité si elle souhaite réellement lutter contre le blanchiment d’argent. 

Ce point est particulièrement important pour attirer les grands comptes : les plateformes d’échange qui pourront démontrer qu’elles respectent les exigences réglementaires et qu’elles sont capables d’adopter des mesures correctives en cas de problème seront beaucoup plus à même de rassurer leurs clients et leurs partenaires.  

Le respect de la réglementation ne protège pas seulement les entreprises contre les sanctions : il peut aussi attirer de nouveaux clients s’ils ont le sentiment que l’entreprise a bien exercé son devoir de vigilance raisonnable. 

Bien qu’il existe des divergences d’opinions entre les leaders du secteur (rappelez-vous le procès contre Coinbase), les instances de régulation ont clairement montré qu’elles préfèrent poursuivre les fournisseurs de service que les utilisateurs. Et en raison de la nature particulièrement privée des mixeurs, il est quasi impossible de s’attaquer aux utilisateurs eux-mêmes. Mais il faut bien que quelqu’un soit responsable.

La fraude

La nature opaque des mixeurs de cryptomonnaies fournit le terreau idéal pour les activités des fraudeurs. Et dans un secteur qui continue à progresser à une vitesse fulgurante, les fraudeurs suivent la cadence. 

Les mixeurs de cryptomonnaies n’intègrent pas les outils de vérification d’identité classiques que les institutions financières ont l’obligation d’utiliser, notamment : 

  • Les vérifications Know Your Customer (KYC)
  • L’identification du bénéficiaire effectif ultime
  • L’authentification en temps réel des transactions 

De nombreux mixeurs de cryptomonnaies fonctionnent sans aucun contrôle des utilisateurs, ce qui signifie que même ceux qui utilisent ces services de manière totalement légitime peuvent faire l’objet d’une cyberattaque, en l’absence d’authentification au moment d’effectuer une transaction.  

Imaginez que l’utilisateur d’un mixeur de cryptomonnaies reçoive un e-mail d’hameçonnage et clique sur un lien malveillant. Il sera probablement renvoyé vers un faux site web sur lequel on lui demandera de saisir ses identifiants. En quelques secondes, le fraudeur aura réussi à s’emparer des informations de connexion de l’utilisateur. À partir de là, il lui suffira de saisir les identifiants qu’il vient de recueillir sur le site officiel, de blanchir les pièces de l’utilisateur et de disparaître avec les fonds. 

Bien que 60 % des chefs d’entreprise considèrent que la formation de leurs équipes soit le meilleur moyen de prévenir la fraude, celle-ci doit s’accompagner d’autres outils technologiques afin de créer un bouclier solide. La prévention de la fraude crypto nécessite à la fois une vérification initiale de l’identité du client et une surveillance continue des transactions. Ce double effort permet non seulement de s’assurer que le titulaire du compte est bien celui qu’il prétend être, mais aussi que si des acteurs malveillants parvenaient à accéder au compte, ils ne pourraient pas effectuer de transactions.

Comment gérer les risques liés aux cryptomonnaies ?

L’évaluation des risques devrait être incontournable pour toute entreprise opérant dans un secteur hautement réglementé. Pour lutter contre le risque de blanchiment d’argent, il existe certaines mesures que peuvent mettre en place les plateformes d’échange :

Les outils d’analyse de portefeuille

Ces outils contribuent à maintenir une bonne hygiène des portefeuilles. Ils permettent aux plateformes d’échange d’identifier les propriétaires des portefeuilles, ainsi que l’origine et la destination des fonds.  

Dans le cas des mixeurs de cryptomonnaies, en revanche, les transactions peuvent être masquées et il devient alors difficile de retracer l’historique d’une transaction.  

Il est donc important de vérifier que les outils de contrôle des portefeuilles savent identifier les pièces « corrompues » et que ces données sont ensuite utilisées pour déterminer le niveau de risque associé au détenteur du portefeuille. Grâce à ces outils, les plateformes d’échange peuvent alors bénéficier d’une totale transparence sur les portefeuilles des clients et ainsi réduire le risque de blanchiment d’argent.

Le KYC et les contrôles d’identité

En mettant en place un processus robuste de KYC et de vérification d’identité, vous avez la certitude de savoir qui sont vos clients, tout en respectant les différents règlements en vigueur tels que LCB-FT, MiCA et PVID.

Mais toutes les plateformes de connaissance du client et de vérification d’identité ne répondent pas forcément toutes à cet objectif.

Une mauvaise plateforme KYC peut nuire à l’expérience utilisateur et donc à vos taux de conversion.

Jason Tucker-Feltham, Global Head of Crypto & Fintech chez IDnow.

« Les mixeurs de cryptomonnaies rendent la vérification en ligne plus difficile. C’est pourquoi les services de vérification d’identité d’IDnow associent la vérification vidéo à une analyse de différentes bases de données externes, une évaluation des risques et une étude du comportement. Et nos spécialistes restent présents pour tout besoin de clarification, ce qui permet à nos clients de tirer le meilleur de l’IA et de l’intelligence humaine », conclut Jason.

Intégrer les processus KYC dans le monde crypto

Les processus KYC sont une arme essentielle pour aider les plateformes d’échange crypto à se protéger et protéger leurs clients contre la fraude et le blanchiment d’argent, même dans un contexte réglementaire en constante évolution. La mise en place de ces contrôles protégera les investisseurs contre les pertes financières et apportera de la stabilité à un marché notoirement volatil.  

Les solutions de vérification d’identité modulables d’IDnow fonctionnent dans le cadre de multiples réglementations, secteurs d’activité et cas d’utilisation, notamment la crypto. Qu’elles soient automatisées ou pilotées par un expert, nos méthodes de vérification d’identité ont été optimisées pour répondre aux normes de sécurité et aux exigences réglementaires les plus strictes, sans nuire à l’expérience client et aux conversions.

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Par

Les mixeurs de cryptomonnaies : définition et menaces 1

Jody Houton
Senior Content Manager chez IDnow
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