Qu’est-ce que le schtroumpfage du coucou ?
Le coucou est un animal de la taille d’une colombe avec un dos bleu-gris, mais il est surtout connu pour être un parasite notoire. Au lieu de construire son propre nid, la femelle pond ses œufs dans le nid d’un autre oiseau et élimine la couvée de l’hôte à son insu.
Le terme « schtroumpf » est quant à lui utilisé dans le monde du jeu vidéo pour désigner un joueur qui crée un nouveau compte pour jouer contre des joueurs moins bien classés. Il peut être aussi utilisé de manière plus générale pour décrire un joueur qui utilise un compte alternatif ou plusieurs comptes.
En matière de blanchiment d’argent, les criminels trouvent toujours de nouveaux moyens innovants et créatifs de passer inaperçu et d’échapper aux autorités. Fin 2021, la cellule de renseignement financier australienne AUSTRAC a ainsi découvert une méthode assez peu connue pour blanchir de l’argent à l’étranger. Elle décrit le « schtroumpfage du coucou » ou « cuckoo smurfing » en anglais comme une technique par laquelle des syndicats professionnels du blanchiment d’argent collaborent avec des sociétés corrompues de transfert de fonds à l’étranger. Les criminels utilisent les comptes bancaires de plusieurs clients innocents en attente d’un virement pour permuter des fonds. Le système repose sur le fait que de véritables clients s’attendent à recevoir légitimement de l’argent depuis l’étranger, mais également sur un réseau de complices présents au sein des institutions financières. Le schtroumpfage du coucou présente ici certaines similitudes avec le système hawala, où l’argent ne franchit pas réellement les frontières, mais est échangé localement par des intermédiaires.
Comment fonctionne le schtroumpfage du coucou ?
À l’instar de l’oiseau déposant sa portée dans le nid d’un d’autre, les criminels utilisant la technique du schtroumpfage du coucou ont besoin de la participation involontaire de clients innocents. Non seulement la technique est très simple, mais elle est également difficile à détecter. Voici un exemple permettant d’illustrer comment fonctionne le schtroumpfage du coucou :
- Une personne souhaite envoyer de l’argent à un proche qui étudie à l’étranger, afin de payer ses dépenses. L’expéditeur envoie les fonds par l’intermédiaire d’une société de transfert de fonds, qui doit en principe les remettre au destinataire ;
- La société de transfert de fonds qui a reçu l’ordre de virement fait appel à un complice dans le pays de destination pour obtenir les fonds d’une organisation criminelle cherchant à blanchir de l’argent ;
- L’organisation criminelle transfère alors l’argent que l’étudiant attend sur son compte bancaire par l’intermédiaire du complice. La victime ne sait pas que l’argent provient d’une source illégitime ;
- Le fournisseur échange ensuite l’ordre de virement original et transfère l’argent sur un compte bancaire appartenant à l’organisation criminelle.
L’organisation criminelle recevra donc des fonds légitimes, au lieu de l’argent issu de ses activités illégales. Comme les transactions de schtroumpfage ne représentent que des petits montants, il est beaucoup plus difficile de les détecter. Les autorités locales peinent souvent à investiguer, car l’opération implique des virements à l’étranger, et elles n’ont pas toujours les connaissances ni l’autorité suffisante pour enquêter correctement sur l’infraction. Lutter contre le schtroumpfage du coucou nécessite une solide collaboration internationale entre différentes cellules de renseignement financier, afin de recueillir des informations sur l’origine des fonds étrangers.
Les étudiants ne sont pas les seules victimes possibles : les exportateurs, les investisseurs internationaux ou les migrants sont aussi des cibles de choix.
Quels sont les risques liés au schtroumpfage du coucou pour les institutions financières et les fintechs ?
Comme pour tout autre dispositif de blanchiment d’argent, les institutions financières et les fintechs qui ne parviennent pas à empêcher ces activités et à respecter leurs obligations LCB-FT peuvent s’exposer à diverses sanctions financières et administratives. En fonction de la gravité des manquements et des insuffisances de leur cadre LCB-FT, les institutions financières peuvent se voir infliger des amendes importantes par les autorités de régulation, voire perdre leur licence.
Une bonne gestion des risques liés au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme est donc aujourd’hui indispensable.
Quelle est la différence entre le schtroumpfage, la structuration, et le schtroumpfage du coucou ?
Bien que ces techniques soient très similaires (elles impliquent de diviser de grosses sommes en plus petites afin d’éviter toute détection par les autorités), la structuration et le schtroumpfage n’impliquent pas nécessairement le recours à des tiers et à des fournisseurs de services financiers. En revanche, le cuckoo smurfing a besoin à la fois de clients innocents et de sociétés de transfert de fonds complices pour fonctionner.
Comment repérer le schtroumpfage du coucou et s’en protéger ?
Avant toute chose, les institutions financières doivent savoir comment identifier le schtroumpfage du coucou à l’instant T. Dans le cadre de la surveillance d’un compte bancaire, voici les différents signaux d’alerte :
- Plusieurs dépôts en espèces de différentes tierces parties ;
- Plusieurs dépôts en espèces inférieurs au seuil de signalement (10 000 € dans les pays membres de l’UE) ;
- Plusieurs dépôts en espèces qui ont lieu dans un court intervalle de temps ;
- Des dépôts en espèces sur des guichets automatiques ou dans différentes agences à destination d’un même compte ;
- Des dépôts en espèces qui ne correspondent pas aux habitudes du titulaire du compte.
Les institutions financières disposent par ailleurs de nombreux moyens de prévenir le schtroumpfage du coucou — entre autres dispositifs de blanchiment d’argent :
- Les procédures Know Your Customer (KYC) pour mieux éviter toute tentative de fraude ;
- Les systèmes de surveillance des transactions pour détecter les opérations suspectes et récurrentes grâce à différents modèles et du codage prédictif ;
- Les règles de déclaration d’opérations suspectes permettant de respecter la législation nationale en cas d’alerte ;
- Les programmes de formation pour les employés afin de les sensibiliser aux mécanismes de schtroumpfage coucou et autres techniques similaires ;
- Une approche du respect de la conformité basée sur le risque pour un cadre plus complet.
De leur côté, les consommateurs doivent s’assurer de faire appel uniquement à des institutions financières ayant pignon sur rue ou à des sociétés de transfert de fonds reconnues. En cas de transaction suspecte sur le compte bancaire, le consommateur doit la signaler immédiatement à sa banque. Toute absence de signalement peut être considérée par les autorités comme une forme de complicité, avec à la clé un risque de poursuites pénales, de confiscation des fonds et de fermeture du compte concerné. Le gouvernement australien a cependant admis en 2014 que les victimes de schtroumpfage du coucou sont à considérer comme innocentes.
La conformité LCB-FT grâce aux solutions IDnow
En tant que leader mondial du secteur de la vérification d’identité, IDnow propose des solutions permettant de respecter les normes KYC et LCB-FT. Celles-ci proposent une large gamme de fonctionnalités et répondent aux réglementations d’un nombre croissant de pays.
Notre solution automatisée est ainsi un système de vérification d’identité conforme à la norme LCB-FT qui fonctionne de manière automatique et répond à des exigences élevées en matière de sécurité. Il permet de vérifier l’identité les clients en quelques secondes. Vous pouvez non seulement vérifier qui sont vos clients, mais aussi s’ils apparaissent dans des listes de personnes politiquement exposées ou listes de sanctions, ou procéder à des contrôles de vigilance renforcée.
Notre solution PVID certifiée par l’ANSSI s’offre également à vous si vous êtes un acteur du marché financier. Il vous garantit une entrée en relation conforme à un équivalent face à face et une mise en conformité instantanée.